• Epilogue

    Chapitre 1
    Fictions
    Les violons d'hiver
    nanashi-san

    Chapitre 1 "Les violons d'hiver" par nanashi-san
    Les $$$ marquent le changement d'époque

    Je jette un coup d'œil à l'horloge de bord en m'engageant dans ta rue ; il est déjà bientôt vingt-deux heures.

    Je secoue la tête, dépité. Le trajet n'aurait pas du durer plus de cinq heures, mais c'était sans compter les vingt kilomètres parcourus en trois heures pour cause de 1/ départ en vacances, 2/ accident entre deux camions qui a bouché la route un très long moment. Je ne suis pas mécontent d'être enfin arrivé.

    Par chance, il y a une place libre juste en bas de ton immeuble.

    Je coupe le contact, ôte ma ceinture de sécurité et pousse un profond soupire de soulagement. Je vérifie mon portable : huit appels en absence, tous de toi. J'appuie sur l'icône 'rappel vocal'.

    Tu décroches dès la première sonnerie, un soupçon de panique dans la voix.

    _ Théo ! Tu es où ? Tu vas bien ? Si tu savais comme je me suis inquiété.

    _ Je suis désolé mon cœur, j'ai été pris dans des bouchons monstres à cause d'un accident. _ Tu arrives dans combien de temps ?

    J'adore cette petite voix plaintive et boudeuse que tu me fais parfois quand je t'ai manqué. Parfois on ne dirait pas que c'est toi l'aîné de nous deux, et de loin.

    _ Je ne sais pas trop. A ton avis, ça prend combien de temps de monter cinq étages ?

    Pas de réponse, ça a raccroché.

    .

    Je range mon portable dans la poche de ma veste, regroupe les reliefs de mon repas dans une poche plastique et n'ai que le temps de sortir de la voiture pour récupérer mon amoureux jeté dans mes bras.

    Je ne sais toujours pas combien de temps ça m'aurait pris de monter juste chez toi, mais tu as mis moins d'une minute à dévaler les escaliers qui nous séparaient. Je nous décale un peu pour pouvoir fermer la portière et entreprends de répondre comme il se doit à ton étreinte et ton angoisse : longuement.

    C'est finalement une patrouille de police qui nous sépare d'un coup de klaxon. Nous nous regardons, embarrassés puis tu te mets à pouffer, m'entraînant dans ton hilarité. Une fois remis, nous commençons à décharger mes affaires.

    J'avais déjà commencé à emménager chez toi, chez nous maintenant, lors de mes précédentes visites (vacances, week-end prolongés) mais la Volvo break que j'ai héritée de mon père (il roule maintenant en A3 CC) est pleine à raz bord.

    Pour un premier voyage, on commence par monter tout le petit bordel que j'avais tassé dans les coins ; les merdouillous qui ne méritent pas un carton et se retrouvent donc dans une multitude de sacs, pas lourds mais pas pratiques. Je dépose le tout sur le canapé, retrouvant notre cocon avec bonheur.

    Maintenant, il y a un peu de moi disséminé chez toi : mon vieux plaid en tartan vert repose sur l'accoudoir d'un des fauteuils, certains de mes livres ont rejoint les tiens dans la bibliothèque et il y a au moins autant de partitions sur mon chevalet que le tien, un troisième attend dans le coffre d'être mis à contribution. A chacun de mes séjours ici, chez toi est devenu un peu plus chez nous. Même si j'ai encore du mal à le penser comme ça.

    .

    Au bout d'une longue demi-heure d'allers retours entre la voiture et l'appartement, fatigué de ne faire que te croiser, je t'attrape entre deux niveaux pour un câlin crapuleux. Tes mains crispées dans mes cheveux, les miennes sous ta chemise, mes lèvres dans ton cou et ton corps pressé contre le mien, je suis au paradis.

    Tu ris doucement de me voir si empressé. Mais qu'y puis-je si à chaque fois que je te dis 'au revoir' je crains que ce ne soit la dernière, et si à chaque fois que je te retrouve encore à moi j'ai l'impression qu'un miracle vient de se produire.

    Et puis, tu sais quoi ? Je n'ai aucune intention de m'y habituer et perdre ce bonheur incroyable d'être toujours émerveillé à l'idée que tu m'aimes.

    Ma faim de toi commençant à s'apaiser, tu me repousses gentiment et me redonnes du cœur à l'ouvrage en me promettant un bain à deux, une fois la voiture débarrassée.

    Quand je repense à nous, notre histoire, j'ai le vertige de me dire que depuis notre première rencontre, seuls les instants passés à tes côtés possèdent cette lumière si particulière, cette couleur qui me fait sentir complet et vivant.

    Nous nous sommes souvent appelés ces six derniers mois, depuis ce deuxième plus beau Noël de ma vie. Mais juste entendre ta voix ne suffit pas pour combler six ans de vide.

    Mes séjours ici, bien que toujours trop courts, nous ont permis de commencer à nous apprendre. J'ai appris à mettre mon linge directement au sale, et toi à supporter le mug itinérant que je trimballe un peu partout, toujours à moitié plein, et ne lave en moyenne qu'une fois par semaine.

    Je ne savais presque rien de toi quand je suis tombé amoureux, et tu as, comme moi, largement eu le temps de changer depuis. Objectivement, nous ne sommes pas très compatibles, nos façons de vivre sont radicalement différentes, mais je prie pour que nos sentiments soient suffisamment forts pour tenir le temps que nous nous habituions l'un à l'autre. J'ai bon espoir, il y a peu de concessions que je ne suis pas prêt à faire pour toi. Et puis tous deux aimons avec la même force la musique et nous endormir en contemplant les étoiles.

    Ça nous suffit, pour le reste, on fera avec.

    .

    Je balance avec soulagement mon dernier chargement dans un coin avec un soupir de soulagement. Je remarque à ton froncement de sourcil que ce geste heurte ton côté soigneux, mais vu l'heure et comme ce sont mes affaires, tu laisses tomber et vas faire couler le bain promis ; non sans m'avoir volé un long baiser au passage.

    De mon côté, je vais vers la cuisine mettre une tarte flambée au four : il y a toujours de la tarte flambée dans ton frigo. Une fois le minuteur réglé, je te rejoins, nu. J'ai gentiment mis mes vêtements puants où il se doit.

    _ Théo ?

    _ J'ai envie de toi.

    Je mordille ton cou là où j'avais laissé un suçon dans l'escalier et te sens fondre immédiatement. En un tour de main, tes vêtements ont disparu et tes jambes ont retrouvé leur place autour de mes reins. Les caresses, la tendresse attendront. Là j'ai trop faim ; et toi aussi.

    Nous nous jetons l'un sur l'autre comme des morfales, ton corps pressé entre mon corps et la cloison en pavés de verre.

    Notre fièvre apaisée, tu te précipites vers la baignoire qui ne va pas tarder à déborder et je vais chercher notre repas, coupé en petits carrés, et un tabouret pour poser le plateau avant de me décrasser sommairement au gant puis d'entrer avec délice dans l'eau chaude. Tu te glisses entre mes jambes, ton dos contre mon torse et plein de mousse autour de nous ; tu adores les bains pleins de mousse.

    Nous grignotons en silence, profitant doucement du calme et du corps de l'autre.

    _ Alexandre ?

    _ Hum ?

    Tu me réponds paresseusement en faisant glisser le blob que tu appelles 'éponge naturelle' sur mon genoux gauche, celui où l'on voit encore la cicatrice d'une fracture faite il y a quatre ans.

    _ Comment tu as pu savoir, que je reviendrai ?

    _ Je ne le savais pas, j'ai juste eu envie de croire à la promesse sur tes lèvres, quand le train partait.

    _ Je ne t'ai rien promis.

    _ Tu m'as dis « je t'aime », j'espérais que ça durerait assez longtemps pour que tu reviennes me trouver.

    _ Je n'étais qu'un gamin, à l'époque. Tu me l'as bien assez dit. Qu'est-ce qu'un homme de vingt ans peut bien trouver à un môme à peine pubère ?

    _ Je ne sais pas. Tu étais adorable et tu me regardais comme si j'étais exceptionnel, peut-être que ça a suffit. Une pause puis tu reprends. Le pire, c'est que j'ai réalisé que je ne voulais pas te laisser partir qu'au moment où les portes se sont fermées ; quand il était déjà trop tard. C'est probablement la raison pour laquelle j'ai voulu croire si fort à ton retour. Je voulais avoir une seconde chance de te garder.

    Tu es horrible ; me déballer comme ça des choses aussi...

    J'en ai la gorge serrée. Bon sang si tu savais comme je t'aime !

    _ Alex ?

    _ Hum ?

    _ Ce soir, je voudrais que tu fasses ce que tu aurais du faire il y a six ans au lieu de faire semblant de dormir. S'il te plait, fais-moi l'amour.

    Contrairement à ce que j'avais envisagé, ce soir nous n'explorerons pas plus avant les possibilités qu'offre cette merveilleuse baignoire. Et le rangement attendra demain, mais ça c'était prévu.


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  • Commentaires

    1
    Mercredi 11 Novembre 2015 à 17:28

    L'histoire est adorable, et j'aime beaucoup ton style d'écriture, même si parfois j'avais du mal à me repérer entre le passé et le présent.

    Enfin j'ai beaucoup aimé. ^^

    2
    Samedi 14 Novembre 2015 à 23:23

    Merci beaucoup de nous avoir fait partagé ton avis, cette fiction à cependant été écrite par une tierce personne qui n'est malheureusement plus active : nanashi-san. Comme j'aime beaucoup moi aussi, je me suis permise de la partager :) !

    3
    Dimanche 15 Novembre 2015 à 00:42

    Pas de problème. C'est dommage qu'elle ne soit plus active, en tout cas c'est sympa d'avoir partagé. ^^

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    4
    Mercredi 6 Septembre 2017 à 16:41

    certainement une des plus belles fictions jamais. je l'adore. Si tu la croise cette nanashi et bien dit lui qu'elle mérite amplement mes félicitations



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