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Chapitre 1
FictionsLes violons d'hivernanashi-san"Les violons d'hiver" par nanashi-san
Les $$$ marquent le changement d'époque
Nous sommes le 24 décembre 2009 et après cinq longues heures de trajet, le train arrive enfin en gare. Je descends avec ma petite valise à roulettes et mon alto. Je regarde autour de moi, dire que ça fait six ans depuis la dernière fois que j'ai mis les pieds ici, dans cette ville qui m'a vu grandir.
Etrangement, la gare n'a pas changé, toujours aussi crasseuse entre autres. Mon cœur bat un peu plus vite partagé entre l'espoir et la crainte de trouver ce que je suis venu chercher, de te trouver, toi.
Je respire un grand coup et descends vers le passage sous le quai, puis remonte en direction de la sortie. Sur le parvis, je me rends compte que la ville, elle, a changé : le tram s'est installé ici et déroule ses rails le long du boulevard qui rejoint le centre à la gare.
Je remonte mon col, il fait si froid cette année, et je néglige le tram pour suivre en sens inverse ce trajet qui me fut si pénible des années auparavant, à tes côtés. Je regarde autour de moi, les décorations de Noël sont vraiment moches en plein jour, éteintes, comme mortes.
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Arrivé à la préfecture, je tourne à gauche, vers la place de la République, je me demande si la fontaine est encore là. En quatorze années de vie, j'ai vu cette place être modifiée au moins cinq ou six fois, mais la fontaine et le marchand de gaufres sont restés des constantes immuables avec le manège. Pas un de ces beaux carrousels aux chevaux de bois qu'on trouve dans les grandes villes, juste un manège pour enfant avec une voiture, un camion de pompier, un hélicoptère, ...
J'ai du mal à le repérer au milieu des baraques du 'marché de Noël' mais j'entends sa musique et la voix du propriétaire qui demande aux enfants s'ils sont prêts à attraper la queue de Mickey.
A l'époque où je suis parti, le 'marché de Noël' commençait tout juste à s'épandre au-delà des frontières de l'Alsace et il n'y avait pas beaucoup de commerçants.
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Je vais me poser au pied du sapin placé au centre de la place, c'est un vrai sapin cette année et pas cette horreur en acier tordu que j'ai eu l'occasion de voir.
Je pose ma valisette près du rebord de la fontaine sur laquelle est posé l'arbre et mon étui par-dessus.
Un coup d'œil vers la vieille pendule de la Poste, qui n'a pas changé elle non plus, m'apprend qu'il est quinze heure passé de quelques minutes. Coïncidence, il y a six ans, j'ai atterri sur cette même place, avec le même attirail, à la même heure. J'étais venu traîner ma solitude sous ce même sapin, en plus moche...
Tu sais, je me rappelle exactement toutes les musiques que vous aviez jouées cette année là. Je sors mon alto, referme son étui et l'accorde en laissant les souvenirs affluer
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Décembre 2003, cette été, mes ont divorcé. Ils avaient cessé d'être un couple depuis longtemps mais c'est la mutation de mon père dans le Sud qui a officialisé leur séparation. J'ai préféré vivre avec mon père plutôt que mon irresponsable de mère. Les vacances de Noël sont donc les secondes vacances, après celles de la Toussaint, que je passe sans mes deux parents. Et il y a eu un gros bug : mon père est en mission toute la première semaine quelque part du côté de la Pologne, je devais donc passer noël chez ma mère, mais son amant, qui a du 'oublier' de passer le message, l'a emmenée passer les fêtes dans sa famille, et je ne suis pas de la partie. Je me retrouve donc un 24 décembre seul et à la rue avec en poche un billet de train retour pour le 26 à 15h06.
Quarante huit heures à tuer dans le froid, avec trente euros sur moi un soir de Noël ; j'ai quatorze ans, un manteau sur le dos et une valise à la main.
Mon alto enfin accordé à ma convenance, j'entame le premier morceau en tremblant un peu ; l'émotion je crois. J'ai prévu de rejouer exactement ce que vous aviez joué autrefois.
J'ai atterri sous le sapin comme un cadeau oublié, je m'allonge sur le plateau qui recouvre la fontaine à sec et je regarde le ciel plombé de nuages, regrettant presque de ne pas voir de flocons tomber. J'ai vaguement l'envie de disparaître.
Puis un 'crin crin' de chevalet sur cordes, suivi d'une pluie de notes cristallines provenant d'une harpe celtique, me fait tendre l'oreille. Des musiciens ?
J'hésite à me déplacer pour aller voir, mais je n'ai pas envie de bouger, toujours cette envie de me fondre avec le bois sous moi. Et puis j'entends bien de là où je suis. Je ferme les yeux alors que les premières notes résonnent ; je me laisse emporter par la musique. Je ne sens plus le froid, je ne ressens plus que les résonances des instruments : deux violons et la harpe.
Le temps n'existe plus.
Je vois avec un certain plaisir les gens ralentir le pas en passant devant moi, certains s'arrêtent même. Un ou deux ont cherché des yeux une coupelle, un récipient, où mettre quelques pièces. Non madame, il n'y en a pas. Contrairement à vous à l'époque, je ne joue pas parce que j'ai besoin d'argent, je joue pour moi, et pour toi. Pour rendre à ce lieu un peu de la magie qui m'avait sauvé cette année là.
Je n'émerge de mon songe que lorsque la musique s'interrompt. Je me décide à me relever, voulant remercier ceux qui m'ont, l'espace de... près de trois heures ?!, permis d'oublier la stupidité de ma vie.
Je découvre deux garçons et une fille, elle explique à un couple de trentenaires qu'ils n'arrêtent pas de jouer, ils font juste une pause. Je vois le garçon blond souffler sur ses doigts pour les réchauffer. Il a un visage doux et des yeux caramel. Quelque chose dans son, ton, allure m'interpelle.
J'ai une idée, prends mes maigres possessions et vous demande de bien vouloir les surveiller deux minutes. Le brun et la fille aux cheveux rouges me regardent avec surprise mais je ne leur laisse pas le temps de refuser et m'éloigne avec mon étui sur le dos.
Moins de trois minutes plus tard, je reviens avec un petit plateau de carton et quatre chocolats chauds achetés à une des baraques du 'marché de Noël'. Ton regard étonné et empli de gratitude me fait rougir de timidité. Tu prends le premier gobelet, tes amis te suivent.
_ Pour vous remercier. Je bafouille lamentablement.
_ Merci à toi. Il fait vraiment un froid de canard.
Tu souris en m'ébouriffant les cheveux. Vous avez quoi ? Vingt ans, peut-être un peu plus. Moi je ne suis qu'un gosse.
Puis la fille, Justine, avise mon étui et me demande si je suis bon joueur. Je pose le gobelet sur lequel je réchauffais mes doigts et lui propose de faire une petite démonstration ; à la grande joie du couple excentrique qui attend la suite du spectacle. Je pose un instant mon instrument et planque mes mains sous mes aisselles même si ce n'est pas l'heure de la pause ; il fait particulièrement froid cette année. Je souris avec nostalgie en voyant une petite fille venir vers moi avec un gobelet de vin chaud qu'elle me tend. J'avise sa mère et la remercie d'un geste avant de faire un gros bisou à la petite. Je m'assieds un peu, le temps de réchauffer mes mains gelées et de savourer le breuvage.
Et c'est reparti...
Pas besoin d'accorder mon alto, je l'ai fait le matin même. Je pose donc délicatement mon archet, j'hésite un instant puis opte pour un morceau de violon tiré du spectacle de claquettes 'Lord of the Dance' que nous étions allés voir en famille au Stadium l'année passée. J'aime les envolées joyeuses de ce morceau. J'avoue avoir aussi été influencé par le plaisir évident avec lequel les deux violonistes jouaient ce duo.
Je ferme les yeux, et comme toujours, me dissous dans la cascade de notes que je joue. Quand je redescends sur Terre, je remarque à peine les regards ébahis des badauds et de tes amis. Je ne vois que ton regard, l'impression étrange que tu viens de découvrir ce que tu cherchais.
C'est Justine qui me demande quels autres morceaux je connais, et si je veux bien jouer avec vous. J'accepte, évidemment, et fini mon chocolat plus si chaud alors qu'elle fait les présentations. Le grand brun, c'est Arnaud, son petit ami, et toi, Alexandre. Je me présente : Théo Lagrange.
Aucun risque pour que vous sachiez que mon vrai nom est Théodore. Je déteste ce nom !
Mais c'était celui de mon grand-père, celui que je n'ai jamais connu.
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Ensuite, nous jouons à quatre, parfois trois quand je ne connais pas un morceau. Le couple qui était resté quand l'assemblée s'est dispersée est toujours là. Ils dansent et rient comme des enfants, assurant autant le spectacle que nous. Et le temps passe dans un tourbillon de musique et de rires.
Vers 19h, la plupart des badauds a disparu, les gens normaux se sont réfugiés dans la chaleur de leur foyer, s'apprêtant à réveillonner en famille. Vous n'en avez pas.
Actuellement, moi non plus.
Et tout doucement, une autre faune s'approche de notre îlot de gaieté. En tout une vingtaine de personnes se sont regroupées autour de nous, dont une petite vieille sortie d'une autre époque, un 'cravate' désoeuvré, deux trois jeunes en vêtements kakis avec leurs chiens, une prostituée qui semble souffrir dans ses bottes plate-forme et d'autres encore. La lie de la société, une bande de laissés pour compte des fêtes de fin d'année.
Je me plais à penser que notre musique permet à cette cour des miracles d'oublier un moment la tristesse de leur vie.
Il est près de 21h quand nous rangeons finalement nos instruments, vaincus par le froid et le vent qui se lève.
Il est bientôt dix huit heures, et j'égrène tout un chapelet de fausses notes en reconnaissant le couple qui s'approche de moi avec une poussette où est savamment emmitouflé un enfant d'environs deux ou trois ans.
Je vois à votre sourire que vous m'avez reconnu vous aussi, moi ou mon instrument d'un rouge profond. Anita sort un portable de sa poche tandis que Roger approche la poussette pour la caler près de moi, pas trop près pour que le son de mon violon n'agresse pas ses petites oreilles.
Roger invite Anita à danser alors qu'elle range son portable dans son sac, le sac près de ma valise. Et je vous fais danser, comme cette année là, vos rires me réchauffent le cœur.
Une fois nos instruments rangés, nous sommes presque surpris de voir que personne n'a bougé. Nos spectateurs n'ont pas plus que nous envie de retourner à la morosité d'un logement vide, ou d'un pont sous le vent.
Alors la petite danseuse a une idée lumineuse, aussitôt approuvée par son mari : ils tiennent une crêperie qu'ils avaient fermée pour les fêtes, pourquoi ne pas y aller tous, il fera meilleur que dehors. Et manger un peu nous fera du bien à tous.
C'est donc toute une petite troupe qui suit le couple bohême au travers de la ville endormie ; d'abord vers la place des Jacobins, on monte en musique (tu as ressorti ton violon) le grand escalier qui mène à la cathédrale, puis on longe les remparts jusque chez vous, une maison à colombage coincée entre deux autre du même style.
La pièce est petite et chaleureuse, à l'image de la gérante. Le couple de restaurateurs allume ses plaques alors que nous ressortons nos instruments et improvisons un petit concert à la demande tandis que d'autres mettent la table.
Nous jouons de tout et n'importe quoi. Qui a déjà entendu jouer du Goldman sur un alto ? Mais ça n'empêche pas l'assemblée de reprendre le refrain en cœur à la suite du 'cravate' qui a un vrai don pour le chant.
Les crêpes dessert défilent, chacun se sert : les pots sont sur la table. Et les pichets de cidre semblent se vider plus vite qu'ils ne se remplissent.
Pour faire plaisir à la petite vieille, je lui offre quelques valses apprises avec mon ancien prof de musique. Puis Justine prête sa harpe à une des jeunes en treillis ; le son est horrible et ça fait bien rire ses amis, et elle aussi.
La fête dure jusqu'au matin, sans cadeau, sans embrassades de minuit mais avec une farouche volonté de passer du bon temps. Puis, vers les huit heures, Roger et Anita ferment boutique, histoire de dormir un peu avant de devoir supporter l'horrible famille de Roger pour le repas de Noël.
Tout le monde se sépare donc doucement, par petits paquets alors que l'aube approche. Cette soirée a comme un goût de paradis, un paradis déjà perdu puisqu'il est temps de rentrer pour tout le monde. Sauf que moi je n'ai nulle part ou aller. Alors je continue à traîner du côté des musiciens tout en repensant à la discussion que nous avons eu eue tout à l'heure, en nettoyant les tables de la crêperie.
Tu me disais que ton rêve est d'être un compositeur reconnu. En attendant, tu rames en bossant le soir pour payer tes études au conservatoire. C'est un concept que j'assimile mal, mon père gagne bien sa vie et je n'ai jamais manqué de rien, mais j'imagine que ça doit être vraiment dur et qu'il faut bien du courage pour continuer à avancer dans ces conditions.
C'est étrange comme je me sens bien quand je parle avec toi ; je n'ai pas l'impression d'être pris pour un môme, ni celle d'être un alien comme quand je parle avec les autres élèves de mon collège. Je suis juste une personne, qui a le droit d'avoir son avis et d'être écouté sans à priori.
Vous vous apprêtez à vous séparer pour rentrer chez vous quand Justine remarque l'incongruité d'un gamin de quatorze ans dans la rue un matin de Noël après avoir passé la nuit à bambocher dans une crêperie plutôt que tranquillement chez lui.
J'explique donc en quelques mots les circonstances de cette situation. Justine et Arnaud se regardent gênés. Je connais bien ce regard : « qu'est-ce qu'on va faire de lui ? » Finalement, c'est toi qui proposes de m'héberger jusqu'à ce que je puisse rentrer chez moi. Je te suis donc jusqu'au dernier étage d'un immeuble décrépit.
Comme je ne regarde presque jamais autour de moi quand je joue, je ne remarque la présence d'un second musicien qu'une fois qu'il commence à jouer, s'accordant sans problème sur mon rythme. Je suis tellement secoué que j'en cesse de jouer, mon archet en arrêt à quelques millimètres des cordes.
J'ai immédiatement reconnu le son du violon qui a pris ma relève, c'est le tien. Je me tourne vers toi, le cœur battant. Tu me souris pour m'encourager à reprendre.
Le coup de téléphone d'Anita tout à l'heure, c'était pour t'appeler, toi ?
J'entre avec curiosité dans ton... la chambre de bonne glaciale et humide qui te sert de logement. Je remarque à la façon dont tu te frottes l'arrière du crâne que l'état pitoyable de l'unique pièce mansardée dans laquelle tu vis te gêne.
_ Tu sais, c'est toujours mieux que de dormir dehors.
Je regarde autour de moi : un évier fêlé de partout mais propre, les toilettes sont sur le palier, des coussins servent de chaise autour d'une table faite d'un dérouleur de câble. Un matelas de 140 repose sur des palettes, le plus loin possible du velux. Dans un autre coin trône un réfrigérateur bancal.
Ce n'est pas un studio dans lequel tu vis mais une espèce de camping sous toiture. Je n'en admire que plus ta force de caractère. Je ne ferais même pas une niche de ce taudis. Mais là, je suis trop crevé pour m'en formaliser et je me coule sans regrets sous les couettes qui recouvrent ton lit. Tu me regardes m'y rouler en boule en riant puis me rejoins prestement.
Tu te mets sur le côté, dos à moi. J'hésite longuement avant de me décider à me coller à la seule source de chaleur présente.
_ Fais pas ça...
_ Mais j'ai froid !
Je me plains d'une petite voix, celle qui fait des ravages parmi les seniors. Tu soupires mais me laisses faire.
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C'est étrange, j'étais pourtant épuisé : je n'arrive pas à dormir.
Ta chaleur et ton odeur me troublent d'une façon que je n'avais jamais ressentie avant. Quoi que ce qui m'étonne le plus, c'est la façon que j'ai de rechercher ton contact, moi qui l'ai toujours fui venant des autres. En tout cas, je n'ai plus du tout froid.
Cette constatation me fait sourire doucement, le nez entre tes omoplates. Je ferme les yeux et respire profondément en me rapprochant un peu plus de toi. Je crains que tu ne me vires de là mais tu ne bouges pas, pas même lorsque je chuchote ton nom pour m'assurer que tu dors bien.
Alors, tout doucement, je glisse un bras autour de ta taille ; le contact de ta peau sous mes doigts, là où le Tee-shirt que tu as enfilé pour dormir s'est retroussé, me fait comme un courant électrique dans le ventre. Je suis tellement surpris que j'en retire ma main.
Je ne comprends pas bien pourquoi j'ai tant envie de recommencer, mais je n'y résiste pas longtemps et bientôt ma main se glisse à nouveau vers ce bout de peau nue. J'y trace du bout des doigts de petits cercles qui vont rapidement en s'élargissant, sous ton T-shirt et jusqu'à la lisière de ton pantalon de jogging.
Mes doigts se faufilent finalement sur ton ventre et se figent en le sentant se contracter. Après un moment d'immobilité totale, je conclus c'était un simple réflexe et reprends mon exploration, un peu honteux. Je me doute bien qu'on n'est pas censé toucher comme ça une personne sans son accord.
La nouveauté de la sensation et l'impression de surréalisme qui m'habite depuis hier me grisent et me font oublier les bonnes manières ; c'est trop agréable pour ne pas en profiter. De toutes façons, tu ne le sauras jamais, et même si tu l'apprenais, qu'importe : demain je partirai et ne te reverrai probablement jamais.
A cette idée, ma poitrine me fait mal. Je ne sais pas pourquoi mais je me sens vraiment bien avec toi et je n'ai pas envie de m'éloigner. Alors je me rapproche encore un peu, ma main remonte un peu plus haut vers ton torse comme pour mieux te tenir. J'y découvre avec surprise un carré de bouclettes.
C'est vrai que contrairement à moi, tu es un homme. Cette constatation n'arrange pas mon malaise et douche passablement mon envie d'exploration. Je me contente donc de rester comme je suis, sans bouger, juste tout contre toi.
Te revoir, après tant de temps...
Si tu savais ; j'en tremble alors que mes souvenirs affluent. Cette 'nuit' là, je ne comprenais pas bien ce qui m'arrivait, mais je n'ai pas tardé à comprendre que ce besoin qui me prenait aux tripes de rester près de toi était de l'amour.
C'est pour toi que je suis revenu, mais quelque part, j'étais persuadé d'être en retard. Mais tu es là, à jouer à mes côtés comme nous l'avions fait six ans plus tôt.
Tags : Fiction, Rédaction, Romance, Drame, Tranche de vie
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